Qu’il est bon de se retrouver dans un endroit familier …

Tentait Caïn de se répéter sans cesse. Grâce à Alexia, il avait quitté sa cage, cette arène underground ainsi que le sorcier qui se prétendait être son maître. Il ne subissait plus de torture et avait la liberté de ses choix. Le seul problème était qu’il ne parlait presque pas. Son cerveau marchait du tonnerre mais il ne ressentait presque plus le besoin de parler. Il ne s’était jamais senti à sa place à la colonie même si pour une fois, il admettait que les lieux lui avaient manqués. Chiron le toisait encore d’un regard emplie de méfiance mais ne s’opposa nullement à son retour à la colonie.
Il était arrivé avec Alexia par la voie des ombres et cela avait happé toute son énergie. Il avait donc dormi toute la journée. Lorsqu’il s’était réveillé en plein milieu de la nuit, il constata que la résidente respective du Bungalow d’Hadès n’était pas là. Sur ce, il sortit prendre une douche pour se débarbouiller de la crasse, de la sueur et du sang accumulé au fil des mois de captivité et de combat à mort forcé.
Il prit la douche la plus longue possible, profitant de chaque goutte chaude perlant le long de son corps, souriant bêtement, se disant que les personnes ne savaient pas la chance qu’ils avaient de bénéficier d’un luxe aussi abondamment.

- J … Je …

Il essaya de parler, sans succès. Revenir à la colonie, à une vraie vie le perturbait au plus haut point. Même s’il avait instinctivement parler à Alexia normalement, il était en train d’encaisser le changement brutal, des mois de silence, captif puis ici, maintenant, à la colonie.
Après avoir fini, il sortit des douches, satisfait. Il marcha à l’aveuglette, savourant les notes sombres de la nuit et se retrouva bien assez vite aux arènes de la colonie.

- Ar…ènes, enco.. encore …

Etre face à une arène une fois de plus lui rappelait douloureusement les pénibles mois précédents.

Il faut combattre le feu par le feu …

Et il pénétra à l’intérieur.
Il se rendit au milieu du bâtiment, là où avait eu lieu d’innombrable combat et pris une poignée de terre dans sa main. Les images violentes des derniers mois ne cessaient de défiler dans sa tête. Tant de sang, tant de mort. Il avait dû tuer tant de personne pour amuser une poignée de sadique avide de sang. Un frisson lui parcourra l’échine. Mais il ne pouvait ressentir cela indéfiniment, de plus qu’en dehors de la colonie, les monstres abondaient vers lui. Il devrait combattre bien assez tôt.

- M…ère … Qui … Qui que tu sois, ai..de moi à surmonter cette … épreuve …

Il regarda le ciel, espérant un quelconque signe qui ne vint pas. Alors il prit une mine aussi sombre que la nuit et pris une épée en bronze céleste, songeant à celle qu’il avait perdu, offerte par Euphoria. Il n’avait toujours pas revu cette dernière et elle lui manquait. Il était aussi inquiet pour elle sachant que son ancien maître la recherchait. De bouche à oreille, il avait appris qu’il bossait pour la mafia de Chicago et il n’avait pas pu en savoir d’avantage.
Il fit quelque mouvement dans le vide, se remémorant chaque victime qu’il avait dû occire. Puis, furieux, il fit un moulinet avec son poignet en se retournant et arrêta net son mouvement, de justesse.
Il avait failli tuer. Une fois de plus.
Il ne dit rien pour le moment et abaissa sa lame. C’était une fille, une fille qu’il avait déjà aperçu par le passé mais qu’il n’avait pas eu la chance de rencontrer. Abaissant sa lame, il dit :

- Dé… Désolé.

Ashley se tournait et retournait dans son lit, elle n'arrivait pas à dormir. Seulement, celle-ci ne savait pas pourquoi : une accumulation du stress de la semaine ? Peut-être, elle avait passé une semaine éprouvante car Chiron avait organisé beaucoup de chasses à l'étendard et la blonde s'était retrouvée capitaine à la plupart de celles-ci. Elle avait aussi passé tout son temps à s'entraîner au tir-à-l'arc, au mur de lave, ou bien à l'arène avec des demi-dieux très forts dans ces disciplines. Et lorsque Ashley veut s'améliorer ou lorsqu'elle à la responsabilité d'une équipe, celle-ci est tellement concentrée qu'elle se met à stressée.

La jeune Chase décida donc de se lever, pour aller marcher ou courir, histoire de se fatiguer un peu. Elle regarda l'heure avant de sortir de son bungalow, il était un peu plus de minuit. Celle-ci commença à courir, elle passait devant de nombreux bungalows, la grande maison, le réfectoire...Arrivée au niveau de l'arène, elle s'arrêta, ayant une pointe de côté. La blonde posa ses mains sur ses cuisses, et tenta de reprendre son souffle avec difficulté.

Elle releva sa tête après quelques minutes, et regarda autour d'elle, il n'y avait personne, et il faisait sombre, seules quelques lumières éclairaient la jeune fille. Son regard se posa sur l'arène. Et après quelques secondes, elle décida de pénétrer à l’intérieur. Un petit vent frais fit frissonner Ashley, celle-ci n'était vêtue que d'un débardeur blanc, d'un jogging gris et de ses baskets Nike. Elle n'avait pas pensé à prendre de veste. Mais celle-ci continuait quand même d'avancer. La demi-déesse se dirigeait vers l'endroit où l'on pouvait prendre des armes pour s'entraîner. Celle-ci prit une épée dans ses mains, et fit quelques mouvements avec. Elle était très forte au maniement des épées mais elle préférait se battre avec la sienne. Après avoir reposé l'arme, la jeune fille continua son chemin dans l'arène.

Puis, lorsqu'elle fut au milieu de celle-ci, elle remarqua un garçon, il était plus grand qu'elle en taille, en même temps, ce n'était pas difficile d'être plus grand qu'Ashley, celle-ci était assez petite. Celui-ci était de dos, alors elle ne pouvait pas savoir si elle le connaissait alors, la Chase s'approcha de lui. Celle-ci s'apprêtait à parler lorsqu'il se retourna en plein mouvement d'épée. Le jeune homme avait arrêté son geste juste au moment où la lame de l'arme allait toucher Ashley.

- Dé… Désolé.

La fille d'Athéna le regarda, elle avait l'impression de l'avoir déjà vu. Il devait être un peu plus jeune qu'elle, mais il avait l'air d'être vraiment plus mature que les gens de leurs âges. Celui-ci avait quelques blessures qui ne passèrent pas inaperçues aux yeux de la blonde. Dans ses yeux brillait une lueur de regret.

- T'inquiètes, c'est pas grave, t'as juste failli me tuer, mais j'ai l'habitude. Je t'en veux pas.

Caïn émit un petit sourire gêné. Il n’avait plus l’habitude de côtoyer les gens civilisés et réfléchi sur la meilleure attitude à adopter. Premièrement, il posa la lame sur le sol. Histoire qu’elle n’ait aucun doute quant à ses motivations ou autre. Deuxièmement, il n’y avait pas de deuxièmement.

- Alors …

Il avait déjà eu à faire face à des filles pourtant par le passé à la colonie mais il avait toujours le vague souvenir d’être trop timide en compagnie de celles-ci. Si quelqu’un le connaissait vraiment, pourrait-il vraiment lui en vouloir ? Il n’avait jamais eu de fréquentation valable mis à part être dans une école où tout le monde le détestait, et son séjour à la colonie ne fut pas assez long pour avoir appris tous les rudiments d’une vrai conversation où de la bienséance à tenir lorsqu’il était face à une créature aussi délicieuse que celle qui venait d’apparaitre ce soir dans sa vie.

- Caïn !

Dit-il en amenant brutalement et maladroitement sa main vers elle. Il sourit timidement tout en se prenant pour un abruti. Il ne savait choisir entre la bise et serrer la main et au risque de paraître pour ce qu’il n’était pas, il avait opté pour la seconde option.
Il trouvait la scène assez ironique, lui qui avait tué tant de personne dans une arène, il faisait la rencontre d’une jeune fille dans une autre arène. C’était bon de retrouver la liberté, même si après tant de temps dans une cage, vous ne savez plus trop quoi faire de cette liberté. Il était revenu depuis peu et il errait sans but dans la colonie. Rien n’avait changé ici d’ailleurs, cela le réconfortait un peu. Son lit dans le bungalow d’Hadès fut son temple et sa couette sa meilleure amie. Il y passait des heures, dans le noir totale, à ne penser à rien jusqu’à ce que les scènes de ces derniers mois ne viennent le perturber. Lorsque ces dernières le hantaient, il considérait qu’il était temps pour lui de faire un petit tour.

- Qu… Quel est ton nom ?

Il ne savait pas trop sur le coup si elle allait lui répondre, lui serrer la main ou bien le regarder d’un œil suspicieux avant de s’en aller, préférant la compagnie d’une personne un peu plus … « normale ». Même si la définition de la normalité était tout à fait abstraite dans une colonie de demi-dieux. Il essayait de ne pas regarder la jeune fille avec trop d’intensité mais il faut avouer qu’il était captivé par sa beauté. Elle dégageait un certain charisme.

Ressaisis-toi bordel !

Pour passer inaperçu le fait qu’il la trouvait jolie, il afficha un grand sourire, se redressa, déplaça un pied et glissa pour finir à terre.

Là … je crois que j’suis bon pour la camisole …