« Grecque » Messages : 393 Humeur : I'll be the beauty queen in tears ♫
| Sujet: EILEEN ○ baby there's no other superstar Ven 2 Nov - 16:37 | |
| (mis sous wow pour l'instant) [wow] « Je fais aussi des fan-fictions ! Bah ouaip, j'suis multifonctions. Actuellement je suis sur une de Narnia, et j'envisage, dès que je l'aurais terminée, d'en faire une Percy Jackson. J'écris déjà quelques extraits, je vais vous en mettre. Alors il est très possible que vous soyez perdus, parce que j'ai des personnages inventés (OC) et des pas inventés, qui viennent de ce cher Rick. En plus, j'écris un peu à tous les moments de l'histoire, par exemple un jour je vais vous poster un truc qui date du 18 juillet 2014 et l'autre un qui date du 3 novembre 2012; donc j'ai du faire une frise chronologique ayant pour base la naissance de Percy, le 18 août 1993. De là je vois si mes perso's ont 4 ans de moins que lui, 2 mois de plus, je peux donc caser des dates approximatives suivant les textes. Vous suivez ? Bref. Je vous ferais une mini-liste de tous les perso's qui apparaîtrons dans ma fan-fiction, y compris ceux de Rick Riordan. En attendant... Enjoy ! ♥ » /!\ ATTENTION : l'âge des personnages par lesquels je pourrais peut-être faire passer le point de vue étant d'entre 15 et 24 ans, des allusions non-imagées au sexe, un peu plus imagées à l'alcool et au tabac peuvent exister (pas obligatoirement). Je recommande mes textes Percy Jackson à un public averti, de minimum 12 ans. Question sexe, pour ceux qui on peur, ne vous inquiétez pas, ça sera juste genre "et on fit l'amour." x') Pas imagé du tout ^-^ ! (c'est pas ironique...)- IMPORTANT ○ Les personnages:
- 28 mars 2014 ○ point de vue Eileen ○ 5438 mots:
La lumière du crépuscule illumine la colline. Elle teinte l'herbe en orange et lui donne ses reflets dorés que j'aime tant. Le pin se dresse au sommet, majestueux et plein de vie. Sur une de ses branches basse, est posée la Toison d'Or. Elle brille de mille feux et réfléchit l'éclat du soir sur le dragon de métal, couché au pied de l'arbre. J'aime le crépuscule. C'est le moment éphémère qui précède la nuit et qui laisse le soleil nous quitter. Lentement, il nous serre d'une ultime étreinte douce et chaude. Je me demande parfois, un court instant, si je le reverrai. Et le matin, dès l'aube, il est là, fidèle au poste. Même si parfois il laisse quelques nuages nous le cacher. J'identifie mon père au soleil du crépuscule: bienveillant et présent, mais lointain et inaccessible. Il nous "regarde" d'en haut, et parfois nous fait des signes : certains de mes frères et sœurs m'ont avoués qu'ils l'avaient entendu en pensée, dans des moments "difficiles" - attaques de monstres, accidents graves, ce genre de choses. Néanmoins, je ne sais pas vraiment quoi en penser. « Fille du Soleil » avait murmuré Annabeth, quand, dans la Grande Maison, un hologramme représentant une lyre était apparu en haut de ma tête. Une lyre, symbole d'Apollon, Dieu de l'Astre du Jour, de la Médecine, de la Beauté Masculine, des Arts, des Oracles et des Prophéties. Il m'a guéri ma blessure au genou. Il m'a reconnu. Que dois-je en conclure ? Ça fait toujours un peu étrange de se dire qu'à la Colonie, on a un semblant de famille, et qu'en dehors, personne ne nous attend. Je ne me rappelle même plus si j'avais une mère, si j'étais dans un orphelinat, si j'avais une famille recomposée... Ou si j’étais à la rue.
Dans un registre un peu plus joyeux et moins incertain, la vie à la Colonie est paisible. Nous nous entraînons beaucoup - tir à l'arc, escrime, équitation sur pégases, combats à bord de bateaux grecs, Capture-l'Etendard, courses de chars... Mais avons toutefois du temps "à nous'' pour nos loisirs : canoë kayak, fabrication d'armes aux forges, lecture, maquillage, jardinage, papotage, vol (je ne dénonce absolument pas les « Hermès »), et tutti quanti selon les goûts, bien entendu. Que ça soit clair, je ne m'y fait toujours pas ; je suis nulle avec une épée. Quand je dis "nulle", je veux dire hyper-giga-incompétente-et-lamentable. Je ne tient pas mon épée comme il faut, déjà, ensuite je suis incapable de parer une attaque - ou même d'en lancer une -, et enfin, la seule personne que je blesse... ben c'est personne - non, non, pas Ulysse - tout simplement parce que j'ai la trouille d’égratigner quelqu'un - même moi. Alors je fais de la merde authentique. Cependant, je compense avec le tir à l'arc. On va dire que je suis pas mauvaise. Quand je dis "pas mauvaise" je veux dire hyper-giga-trop-douée -sans me vanter. Ah, en parlant de vantardise, j'ai réussi à confectionner une citation en rapport à mon bungalow que je qualifierais "de-la-mort-qui-tue" :
« On dit souvent que "Les enfants d'Apollon sont égocentriques". C'est un stéréotype ! Regarde, moi par exemple : beau, intelligent, fort, courageux, parfait et pas du tout égocentrique ! »
Bref ! Vous voyez l'ambiance général du bungalow, et le caractère d'environ un bon tiers de ses occupants - surtout les garçons ; je ne fait absolument pas de féminisme ni de sexisme. Non, sans rire : on a une bonne ambiance, dans cette cabine. Les occupants, mes demi-frères et demi-sœurs (hou la vache, ça fait bizarre de dire ça...) sont super sympa. Très sociables, et surtout très marrants. Bon, le seul hic, c'est que l'extinction des feux... Ben, c'est une réelle extinction dans environ 15% des cas. Un soir c'est papotage en version volume maximum, l'autre c'est peintures et dessins en tous genres, et le suivant c'est Calixste qui révise avec son groupe pour la soirée feu de camp du lendemain.... Rassurez-vous, on fini toujours par dormir. Il y a forcément un moment où l'on est morts de fatigue (c'est à dire environ vers 2 heure du mat') ou alors où Chiron vient - en robe de chambre pour cheval et bonnet de nuit ; vous voyez le truc... - nous réprimander en nous sortant des tirades du type : « Vous devriez avoir honte, c'est vous le seul bungalow à faire ce raffut, vous allez être épuisés demain matin, par les dieux qu'ai-je fais pour mériter des désobéissants pareils, vous êtes incorrigibles, je vais vous envoyer les harpies, ça va vous calmer, si je suis obligé de me relever encore une fois cette nuit je promet de demander à Mr. D. de vous plonger dans la folie à jamais... ». Jusqu'à ce qu'il se lasse et que l'on promette de cesser. Les soirs où l’extinction des feux est respectée, c'est quand on est claqués, de mauvaise humeur, ou bien quand la joie paraît une injure - lorsqu'il y a des morts, de gros problèmes, ce genre de truc gai, que je n'ai, à mon grand bonheur connu qu'une seul fois, il y a un ou deux mois.
Quoi qu’il en soit, intéressons-nous à ce qu’il ce passe en dehors de mes pensées. Je sors de mes rêveries, et regarde autour de moi. Je suis en tailleur sur l’herbe verte du coin ''Tir-à-l’arc'' de la Colonie, du côté de la ligne noire qui sert de limite – un pied en travers, et c’est la faute. Les neiges de cet hiver, bien que peu présentes ici à cause de la barrière magique, qui a une option ''météo'', fondent de sorte que l'on en croise presque plus. Devant moi, Abby joue en pouffant à torturer à l’aide d’un bâton une pauvre petite chenille orange fluo qui se roule en boule autour du bout de bois. Elle l’observe – Abigail observe l’insecte, pas l’inverse - de ses yeux bleus grands ouverts. Elle semble s’amuser comme une petite folle, et fièrement, elle se lève et court vers un groupe de garçons environnant la vingtaine (je crois) en brandissant le trophée et en criant :
« ALEEEEEEEC ! REGARDE MA CHENILLE ! ELLE EST TROP BEEEEEELLE !!! »
L’enfance dans toute sa splendeur. Je souris m’apprête à replonger dans mes pensées ; c’était sans compter sur Meghan. Que je vous explique : Meghan est une pensionnaire du bungalow numéro 18. Quoi, c’est pas clair ? Le bungalow 18, c’est celui de Péitho, la déesse mineure de la Persuasion. Nous sommes fin mai, et elle est arrivée il y a une semaine pour les vacances d’été – un peu tôt, apparemment, mais en fait elle est dans un internat qui a eu récemment des problèmes de profs dépressifs, et le dirlo’ a ainsi accepté de libérer les élèves qui le souhaite un peu plus précocement ; en plus, étant donné que ses cours sont, je cite, ''nuls'' et ''plus efficaces qu’une boite entière de somnifères'', elle s’est empressée de saisir l’occasion, et avec un père alcoolique, pas de barrage parental. En résumé, c’est une fille super-sympa, bien qu’un peu intimidante sur les bords, avec ses longs cheveux soyeux blonds très clairs – c'est une teintuuuuure ! ouuuuuuh ! - et ses yeux azurs perçants. Sans oublier son maquillage provoquant, principalement centré sur la mise-en-valeur de ses iris bleus : trois bonnes couches de poudre noire corbeau qu’elle doit prendre un temps inimaginable à appliquer chaque matin. Toujours est-il que je ne peux pas avoir le loisir de rêvasser car Meghan me secoue énergiquement l’épaule gauche. Je penche la tête en arrière et observe à l’envers une blondinette aux yeux vifs et inquisiteurs. Elle se penche un peu plus :
« Hey l’endormie. Ça te dirait d’être arbitre ? J’vais faire un duel à l’épée avec Babeth. »
Au loin, j’entends crier :
« ARRÊTE IMMÉDIATEMENT DE M’APPELER COMME ÇA ! »
Je fais la grimace. Je n’ai jamais été douée comme épéiste. Alors si je dois faire l’arbitre, moi qui ne connais pas trois parades, j’aurais l’air fine à départager. Meghan remarque ma tête et prend un air renfrognée. Elle s'assit à côté de moi en soupirant et je commence à me dire que l'heure de ma mort est entre ses mains. Elle va faire son petit numéro. Le truc avec les yeux, ou les menaces, ou encore le chantage, sans parlez du « Je te le revaudrai ! » ou du « Mouais, bon, j'ai compris, d'accord, et franchement ça se fais pas, je te croyais plus sympa... ». Elle a toujours la bonne technique pour arriver à ses fins. C'est trèèèès logique : en tant que fille de la Déesse de la Persuasion, elle a un don pour... ben persuader. Le truc c'est que vu qu'elle est méga-capricieuse, c'est pas mal chiant. Je disais donc, oui, l'heure de ma mort est proche. Quel numéro va-t'elle utiliser ? Meghan me regarde et souris doucement. Je la vois venir. Toujours en souriant, elle se glisse en tailleur en face de moi. Nos genoux se touchent.
« Allez, ça va pas être bien difficile, de toute façon tu sais bien qu'Annabeth va gagner. Elle ajoute en riant : elle est mille fois meilleure que moi si ce n'est plus. »
Des petites fossettes se creusent aux bords de ses yeux et de sa bouche. Elle a un joli sourire. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits. Ça ne lui plaît apparemment pas. Elle se mort la lèvre inférieure et ouvre en grand ses yeux bleus azur qu'elle plonge dans les miens.
« S'il-te-plaît... » Murmure-t'elle.
Que dire devant ces prunelles ? Ce qu'il s'y reflète, ce n'est ni exactement le regard d'un chien battu, ni exactement l'ordre d'un tyran. C'est son pouvoir. Je grogne (pas très sexy, je sais), et me met nonchalamment debout en me dirigeant vers l'arène. Elle se relève d'un bond et me saute dessus pour faire un câlin.
« J't'adooooore ! »
Je lève les yeux au ciel.
« Mais oui, moi aussi, grosse manipulatrice. »
Nous rions et nous dirigeons vers Annabeth, poignard dans la main et cheveux couleur paille en bataille, à une petite cinquantaine de mètre de là. Quand nous arrivons, les filles se préparent et attendent mon signal. Je siffle (à peu près) et ça commence. Les armes en bronze céleste s'entre-choquent, sifflent dans l'air. Meghan regarde Annabeth droit dans les yeux. C'est une ruse. C'est de là que vient son talent à l'épée. Elle s'immisce dans l'esprit de ses adversaires pour les faire hésiter. Elle les trouble. Mais Annabeth est sage et réfléchit. Elle connait la technique pour avoir le dessus. Une botte de Megh'. Ratée. Fondue en avant de la deuxième blondinette. Re-botte. Bam ! Meghan est désarmée. C'était ce que l'on peu qualifier de ''très rapide'' dans le genre ''gagner un combat épée VS poignard''. Megh' avec son éternelle épée mal équilibrée, versus Annabeth et son poignard qui - je cite Mr. Pue-le-Varech - ''lui a été offert'' par un certain ''Luke'', avant qu'il ne ''rejoigne le côté obscur de la force'' et ''meurt en héros''. Et encore, apparemment, ce n'est qu'un résumé. On peu dire que j'ai raté un sacré épisode - dois-je en être heureuse par amour pour la vie ou rageuse par envie de décocher une flèche dans le derrière poilu d'un Minotaure ? -. Bref, revenons-en au combat qui fut sans surprise. Meghan est en train de jurer en grec ancien, utilisant des termes qu'il m'est formellement interdit de vous retranscrire. Non, ce n'est pas d'avoir perdu qui la fait déblatérer ainsi des mots à vous hérisser le duvet du dos ; mais comprenez-la : lors de l'assaut fatidique d'Annabeth, Megh' a chancelé et s'est retrouvée le cul dans un caca de l'envergure d'un sac poubelle plein, pouvant provenir directement - à vue d'œil - d'un éléphant adulte en sur-obésité, et - à en juger l'odeur - nourri avec des carcasses de satyres pustuleuses. Ça vous dresse un portrait assez réaliste de ce dans quoi est fourré le popotin de Megh' ! Et la source de cette bouse anormalement énorme (''c'est un cap ; que dis-je ? c'est une péninsule !'' pour faire un peu vivre l'expression ''tel père telle fille'' et accessoirement, faire la faillotte) est un chien des Enfers aussi gros qu'un camion et aussi doux qu'un agneau. J'ai nommée : Kitty O'Leary, la gentille toutou de Mr. Pue-le-Varech.
« PERCY ! Hurle Meghan en essayant péniblement de se relever. APPRENDS LA PROPRETÉ À TA CHIENNE OU J'EN FAIS UN HOT-DOG ! »
Je souris et plisse le nez car de dé-li-ci-euses effluves y parviennent. Meghan remarque ma mine rieuse et fronce les sourcils.
« 'LEEN ! Mais viens m'aideeeeeer ! »
Cette fois, j'explose littéralement de rire en renvoyant la tête en arrière. Encore quelques reproches et supplications, et je suis écroulée par terre, me tenant le ventre, qui commence à m'être douloureux. Des larmes coulent malgré moi de mes yeux. Je suis éclatée de rire. Ça peut paraître assez inapproprié, mais la scène est d'un humour ravageur, sans compter que Meghan, à peine redressée, envoie de plus belle ses jurons en retombant lourdement dans la bouse. Annabeth se retient visiblement de suivre mon exemple, la main devant la bouche, les coins des yeux plissés, conséquence d'un rire à demi-contrôlé, et les joues rouges.
« OUAH ! OUAH ! »
Aussi brusque qu'un éclair et aussi fort qu'un tonnerre, tel est la nature de l’aboiement de Kitty O'Leary, qui court dans la direction de Meghan, sa grande langue rose et râpeuse sortie, prête à asperger mon amie de bave. Megh' pousse un cri. Non, pas un petit cri. Plutôt le genre à faire peur à Hadès lui-même. La chienne galope de plus belle, pensant certainement qu'elle veut jouer. Et pour empirer son cas, Meghan, après s'être dégagée de l'excrément, se met à courir pour échapper à Kitty. Alors c'est partit pour une partie de chat... Annabeth explose enfin en voyant Le Maître de la Bête poursuivre le chien en furie et lui crier :
« KITTY O'LEARY ! REVIENS-ICI ! CESSE DE JOUER AVEC MEGHAN SUR-LE-CHAMP ! »
Kitty ralentit sa course mais ne s'arrête pas, et Meghan grimpe dans un arbre feuillu en un temps record. Je pensais que la chienne des Enfers se calmerais là, voyais sa cible hors de portée. Je me rend compte de ma stupidité (et aussi que Kitty O'Leary ne connaît pas les règles du jeu du chat) : l'espèce de bouledogue à robe noir, bavant au vent, accourt à l'arbre en question et tape avec ses grosses paluches le tronc brun et pas très imposant en largeur. Je me demande par quel miracle il ne se brise pas. Néanmoins, il tangue dangereusement et Meghan hurle de plus en plus. Au bout de quelques secondes, j'aperçois une fille aux cheveux roux et au teint de porcelaine sortir de l'arbre. Elle porte une robe verte à motif feuilles assez courte et est pieds nus. De ses grands yeux chlorophylles, elle jette un regarde assassin à Meghan puis à Kitty. Quand elle voit Percy approcher à grandes foulées, elle se dirige vers lui et lui crie, pour couvrir les aboiements :
« NON MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ?! »
« Je suis... désolé... Je... C'est ma chienne... » Bredouille Percy.
« BEN OUI VOUS ÊTES LE PROPRIÉTAIRE ! NAN MAIS FRANCHEMENT VOUS ÊTES TARRÉ ?? RAPPELEZ IMMÉDIATEMENT CETTE ÉNORME BOULE DE POILS ! »
Et puis, dans ma tête, ça fait ''tilt !''. C'est une dryade, un esprit de la forêt. Ce doit être son arbre protecteur. Sa source de vie. Ça ne doit pas tellement lui plaire qu'un gigantesque chien des Enfers lui secoue la branche - haha méga jeu de mot hyper pourri. Percy crie encore plusieurs fois à Kitty d'arrêter. Mais rien n'y fait. Elle semble s'amuser comme une petite folle, comme si elle n'avait pas joué depuis plusieurs siècles. Un CRAC ! se fait entendre et je retourne vivement la tête en direction de l'arbre, pour vérifier qu'il est toujours en un morceau. Kitty vient en fait d'arracher accidentellement une petite branche brunâtre parsemée de feuilles vertes.
« MON HÊTRE ! ON MUTILE MON BEL HÊTRE !! » Crie la dryade. [NDA : Saisissez le jeu de mots]
Je fais la grimace en voyant Meghan vaciller dangereusement vers le sol. Elle ne va pas tarder à tomber...
« KITTY O'LEARY, COUCHÉE ! »
Et, comme par magie, Kitty s'affale sur l'herbe drue, au pied de l'arbre, bavant allègrement. La dryade pousse un soupire de soulagement, et, sans le moindre remerciement, s'évapore en petites volutes de paillettes vertes fluos. Et, dans ma tête, ça refait ''tilt !'' (encore un et j'entame une mélodie). Ce n'était pas la voix de Percy qui a rappelée Kitty O'Leary. Je pivote la tête à droite et vois Mr. Pue-le-Varech sourire à un jeune homme aux cheveux de jais arrangés comme un mêcheux et un peu décoiffés, et au teint oscillant entre le mat et le clair. C'est ce que je qualifierais de légèrement bronzé, un peu bistre, peu être. Il est habillé d'un jean foncé, d'un T-shirt à manches courtes noir portant l'inscription : « What the hell ? » et d'une paire de baskets Quicksilver. Le premier truc qui me vient à l'esprit c'est : « On dirait un émo ».
« Pouuuuh. Merci Nico, j'ai bien cru que j'allais me faire bouffer. » Dis Meghan en revenant vers nous, encore tremblante de peur.
« Kitty ne ferait pas de mal à une mouche. Répond calmement Nico. Mais elle n'était pas très bien aux Enfers. Il regarde Percy d'un œil craintif. Désolé, je pensais qu'elle pourrait s'amuser avec Cerbère, mais papa m'a ordonné de le laisser tranquille. Sois disant que ça détournerais son attention, et vu que c'est un chien de garde avant toute chose... Vraiment, désolé. J'avais pas prévu. Et puis, elle se lassait de toi, je crois. On pourrait presque dire qu'elle s'est habituée à la vie à l’extérieur d'un lieu sous-terrain. N'est-ce pas ma belle ? »
Kitty lui répond par un aboiement joyeux. Meghan se poste à côté de moi et boude, les sourcils froncés et les bras emmêlés en dessous de sa poitrine. En grande capricieuse elle attend des excuses... Cependant Nico n'a pas l'air de réceptionner. Il entreprend un discussion sur les croquettes des Enfers avec Percy. Je me mord la joue et fixe le gothique-punk-rock-indépendant dans les yeux. Tout du moins, comme je peux : il ne me regarde pas. Meghan, dégoutée, détourne la tête en direction de l'arène. Je me concentre et le regarde encore plus intensément. Vous savez, ce sixième sens ? Quand on sent lorsqu'une personne est derrière nous, ou nous zieute ? Ben Nico l'a. Il tourne doucement le regard vers moi. Un regard spécial, avec ses grandes iris noires. Pas du genre qui veux dire « Qu'est-ce tu m'veux, toi ? », plutôt un « Oui ? » sincèrement intéressé. Une fraction de seconde, je rougis (imaginez un gars un peu plus grand que vous vous regardant alors que vous venez de le fixer à mort depuis plusieurs secondes, pour une fille qui n'a jamais été en couple – pas de mémoire, en tout cas -, ça fait bizarre), mais je me reprend aussitôt en donnant un coup de menton du côté de Meghan. Il l'observe furtivement puis ramène son attention sur moi et hausse les épaules. A ce moment là, j'ai juste une envie : le claquer. Ne me demandez pas pourquoi ; aucune de mes raisons n'est bonne : je n'aime pas qu'on se fiche ainsi de mes amies, mais cette raison est mauvaise : Meghan est trop capricieuse et elle ne mérite pas qu'on lui fasse d'excuses, car c'est elle qui a commencé à courir. D'autre part, c'est un garçon, et il a du cran pour me dire d'une façon aussi négligente qu'il se fiche pas mal de ce que je viens de lui faire comprendre ; c'est aussi une mauvaise raison car ça s’appelle du sexisme et que c'est pas bien. Enfin, ce n'est pas totalement une mauvaise raison, quand même : dans un sens, il s'est un peu foutu de ma gueule. Oui, je sais, je cherche la petite bête, mais chut, c'est mon caractère. Nico est déjà reparti dans sa conversation avec Percy. Mon regard s'enflamme et je crois qu'on aurait pu voir de la fumée s'échapper de mes paupières. Nico daigne dévier ses yeux vers moi et ils s'élargissent d'emblée de surprise (et peut-être un peu de peur). Ben ouaip, j'ai un regard-qui-tue et je m'en sers. Il avale difficilement sa salive et se tourne vers Meghan, interrompant Percy par la même occasion :
« Euh, Morane, je suis désolé, mais Kitty O'Leary avait juste un peu envie de jouer... Elle n'est pas consciente de... sa masse, disons. Excuse-la. »
A ce stade, je me calme. Megh' joue distraitement avec une mèche de ses cheveux.
« C'est Meghan. Et j’accepte tes excuses. »
Puis elle me regarde et me souris, et, quand l'attention des autres est dissipée, elle formule avec ses lèvres un « Merci. » muet. Je lui souri en retour et panique en voyant les autres se diriger vers les bungalows.
« Où est-ce qu'ils vont ? » Je demande à Meghan.
« Ben, il est 19 heure 25, banane. Faut te réveiller, on mange dans cinq minutes ! »
Elle rit et court jusqu'à son bungalow – le 18 – en me faisait un signe de la main. Je soupire et lui fait un clin d'œil. Puis je me dirige d'un pas lent vers le stand de tir-à-l'arc. Quand j'y arrive, je suis surprise : il est déjà vide. Ils sont tous affamés ou quoi ? Je marche donc vers mon bungalow. Vous l'ai-je déjà décrit ? Non ? Si ? C'est un bâtiment composé d'un rez de chaussé et d'un ''grenier'' (pas exactement, plutôt un premier étage à bas plafond rempli d'araignées et de poussière), il est néanmoins assez grand. Du premier coup d’œil, on le trouverait ''normal'', avec ses colonnes en marbre typées grecques, ainsi que son toit et ses murs du même matériau. Il a la classe, notre bungalow : au-dessus de la porte d'entrée, s'affiche fièrement un grand soleil en ambre brillant. Summum du top : lorsque le bâtiment est éclairé par la lumière du jour, il brille comme le soleil, il rayonne tant qu'on peut avoir du mal à le regarder. En trottinant, je me dirige vers mon bungalow. La porte est entre-ouverte et je perçois des rires. Je souris. À peine suis-je entrée que j'évite de justesse un oreiller volant. Dans le brouhaha, j'entends vaguement un « Pardon ! ». Je commence à faire un pas en avant, et je manque d'écraser un CD - de Rihanna, quels goûts de m**** -, perdu sur le plancher. Je prend une grande inspiration et met le cap sur mon lit, décidée à passer un coup de peigne dans ma tignasse brune foncée qui jadis était coiffée en une queue de cheval. J'use de patience, d'agilité et de réflexion stratégique pour attendre mon matelas. Je m'y affale.
« Aïe ! »
Un objet non identifié a heurté mon front alors que je m'étalais. Je penche ma tête en arrière et foudroie des yeux Alec, écouteurs aux oreilles, balançant son ciboulot de gauche à droit comme s'il essayait de battre un record, les yeux fermés et, devant lui, sa batterie, juste calée entre les deux lits superposés. Dans sa main droite, l'arme du crime. Une baguette. La musique doit être super entrainante, car il tape d'une manière limite violente ses bouts de bois sur les tambours. Une seconde fois, il cogne sa baguette droite sur mon front – non, non, ça ne résonne pas. Visiblement, il me prend ma caboche pour une cymbale. Je décide de passer à l'offensive, partant du concept que s'il me brutalise inconsciemment, j'ai le loisir de m'en amuser tout autant. Je me met en tailleur et chope entre les trames du lit d'au-dessus la peluche d'Abby. (WTF ?) ...Attendez, c'est plus qu'une simple peluche ! Quand on appuie sur son ventre, elle couine. Je la dispose sur mon oreiller. Manque de chance, le bout de bois tape à côté. Je la place pile-poil là où mon polochon à un trou momentané. Tyché [NDA : Déesse grecque de la Fortune, de la Chance et du Hasard] doit m'avoir dans le collimateur car Alec tape juste au bord.
« Espèce de batteur à deux noix, je grommèle, même pas capable de taper deux fois au même endroit. »
Mais personne n'a du m'entendre car entre temps le chahut a redoublé d'intensité – si c'est possible. Je pince les lèvres et réfléchit à une position possible de la peluche. Un sourire triomphal s'étend sur mes lèvres quand j'entends un « couic ! ». Et pourtant, non, je n'ai pas bougé le petit dauphin bleu. On va dire que mon temps de réflexion est assez long. Pas de blagues vaseuses s'il-vous-plaît...
« couic ! couic ! couic ! »
Mais c'est qu'il a le rythme celui-là ! En fait je retire : Alec pourrait faire une chanson classé n°1 dans les bac pendant plusieurs années rien qu'avec des peluches qui font du bruit. Il a du talent avec une batterie et deux baguettes entre les mains. Beaucoup de talent. Je ne peux que l'envier, moi qui ai à jamais profané la neuvième symphonie de Beethoven à l'aide du piano de Calixste. C'était mon premier et dernier essai en matière d'instruments, je crois.
« couic ! »
« EILEEEEEEN !!! Touches pas à mon Delphís ! »
Une mini-tornade s'avance en courant vers moi et la peluche-cymbale, faisant fi des nombreuses protestations quand à l'écrasement d'une bonne dizaine de CD. Elle a les sourcils froncés et un air boudeur. D'un air supérieur, elle grimpe – non sans difficultés – sur mon lit et s'empare du dauphin bleu. Elle lève le menton et me toise comme une méchante que l'on va bientôt punir. Puis elle porte son attention sur le dénommée Delphís, qu'elle étreint hardiment. Elle le couvre ensuite de bisous, et je me rend compte, malgré le brouhaha, qu'Alec a cessé de joué. Je me retourne et me reçois sans préavis un troisième coup de baguette sur la caboche. Je me masse le crâne en grognant, découvrant Calixste avec l'instrument de torture dans sa main gauche. Il repasse le bout de bois à Alec, qui le lui arrache presque des mains. Il n'aime pas que l'on touche à ses affaires, et tout particulièrement à sa batterie. En attendant, vu comme Calixste me toise, je sens que je vais avoir droit à un petit sermon. Il n'y manque pas :
« Eileen, voyons, t'es plus une gosse. Et tu sais bien qu'il ne vaut mieux pas toucher aux peluches d'Abby. »
Il me regarde avec réprimande quelque secondes encore, puis me sourit. Je lui sourit en retour. Il n'a jamais vraiment aimé me houspiller. On s'adore, après tout. Et, tout à coup, j'entends un son grave et puissant. Durant trois secondes le chahut se tait. Puis, à la fin du signal, il reprend de plus belle.
« TOUS EN RANG ! LA CONQUE A SONNÉ ! » Crie Will, notre conseiller de bungalow.
Docilement, nous nous installons à la queue leu-leu, par ordre d'ancienneté. De ce fait, je suis avant-avant-avant-dernière. Calixste et Alec sont dans les dix premiers, et Will, en tant que conseiller, est en tête. La queue avance, et, en marchant, nous atteignons la table numéro sept du pavillon-réfectoire. Un drap blanc y est disposé, décoré de broderies à motif soleils sur les contours et, au centre, d'une énorme lyre, entourée de lauriers et de notes de musiques. Pour l'instant, il n'y est installé que des verres. Les autres tables ont elles aussi des draps, brodé selon les emblèmes du Dieu/de la Déesse. Il y a déjà Percy, les « Déméter », les « Arès » et les « Athéna », qui sont respectivement les bungalows trois, quatre, cinq et six. Comme vous l'aurez compris, on vient dans l'ordre. Plus en rythme que ça tu meurs. En parlant des tables, elles sont disposés en rond autour d'une centrale, celle de Zeus, qu'occupent généralement Mr D. et Chiron, histoire d'avoir une vue d'ensemble du ''self'' – si j'ose m'exprimer ainsiii. Quelques minutes plus tard, tout le monde est arrivé. Nous attendons, dans le silence, l'accord de Chiron pour nous assoir. Il fait un signe de la main et tout le monde s'installe en même temps. Les bavardages commencent, et ma table, qui est loin d'être la moins peuplée, devient sacrément bruyante. Néanmoins, je ne m'y mêle pas. Je regarde à droite, à gauche, et repère Annabeth à sa table. Elle me sourit et je lui souris en retour. Je ne trouve cependant pas Meghan... Où est-elle passée ?
« SILEEEEENCE ! »
Chiron vient de gueuler un bon coup, et immédiatement, tout les bavardages cessent. Il se met ensuite debout sur ses pattes de cheval, son verre dans la main. Il le lève, et nous l'imitons. Voyant que le mien est vide, je m'empresse de chuchoter la première chose qui me vient à l'esprit :
« Limonade. »
Mon verre s'emplit d'un liquide transparent et pétillant. Chiron prend la parole :
« Aux Dieux ! »
Nous répétons tous en chœur :
« AUX DIEUX ! »
Nous nous asseyons ensuite, et notre Directeur des Activités ouvre ses bras, fournissant nos tables de plusieurs plats aux fumets alléchants. Il y a de tout : ratatouille, bœuf bourguignon, filets de cabillaud, raisins, fraises et plein d'autres choses. Nous nous servons. Pour ma part, je prend uniquement de la ratatouille. Pas très faim. Je stresse je crois. Je remue ma tomate avec ma fourchette. Le dos rond devant un plat que je ne pense pas manger. Tout le monde se lève, un peu dans l'anarchie, cette fois. Ça me fait sourire. C'est idiot, je sais. Je me dirige moi aussi vers le feu, allumé près de la table de Zeus, mon assiette dans les mains. En fait, ce truc flambant, c'est un espèce de gros brasero. Il y en plusieurs dispersés dans le pavillon-réfectoire. En m'approchant, les flammes envoient des vagues de chaleur sur mes bras. Calixste est juste devant moi. A l'aide de sa fourchette, il envoie un gros bout de bœuf dans le feu.
« Apollon. » murmure-t'il.
Il repart par la droite et me fait un clin d’œil. Je lui souris. Je m'avance. À moi. Je fais tomber de mon assiette la moitié de ma ratatouille. J'attends quelques secondes. Et je murmure :
« Apollon. »
Je me redirige d'un pas pressé jusqu'à ma table. Mon ancienne place, calée entre Sydney et Will, est toujours dispo'. Je me dis « Miracle! Apothéose ! ». Bon, d'accord, je me calme avec mes citations de La Fontaine. Mais j'adore ce fabuliste ! Bon, bref. Je m'installe en souriant et inspecte une nouvelle fois la table de Péitho. Meghan vient d'arriver. Elle a l'air livide... Je lui envoie un regard soucieux. Elle me fixe intensément. Rien de bon. Je soutient son regard. On reste ainsi plusieurs secondes. On passe un accord silencieux. Megh' se lève. Elle va directement en direction de son bungalow. Je me dépêche de me lever à mon tour. Mon mouvement brusque attire l'attention de ceux de ma table, et je regrette aussitôt.
« Où... » Commence Alyson, mon aînée de 3 ans.
Je la coupe.
« Quelqu'un veut ma ratatouille ? »
Ça a mis un vent pas possible.
« Bon. »
Je me dirige vers un brasero, retourne l’assiette au dessus de celui-ci. Les légumes y tombent directement.
« Péitho. »
Je repose à la va-vite mon assiette sur la table. La cafet' est silencieuse. Plus personne ne parle. On entendrait une mouche voler. Et, ignorant les protestations de Chiron et de Will, ainsi que la cinquantaine de paire d'yeux tournés vers moi, je cours jusqu'aux bungalows.
- date indéterminée ○ point de vue Alec ○ 2045 mots ○ /!\ RATING T:
Tu te réveilles, le matin, et c'est toujours la même chose qui te grouille au ventre. Pas un gaz, nan. Bien pire. Bien plus destructeur. Ça te sucerais le sang jusqu'à la moelle, si ça pouvait... Tu te réveilles avec une envie étrange, oui, c'est ça. Une envie. Non, pas celle de pisser. Juste l'envie d'une chose. Un personne. Quelqu'un. Et, tout au fond de toi, tu sais de qui il s'agit. Tu as beau lutter, cette envie reviens toujours. Puissante, au fur à mesure du temps. Tu te lèves, incertain, tu scrutes tes pieds nus, tu pestes parce qu'ils sont gelés. Et aussi parce que tu es en caleçon. Tu regardes autours de toi. Une dizaine de personnes. Endormies. T'es dans un lit, et il y a une fille en soutif' à côté de toi. Tu la regardes. Son visage ne te revient pas. Tu laisses tomber. Tu es debout, au milieu d'un foutoir monstre. Ton pieds gauche frôle une flaque de vomie, et le droit une bouteille de Desperados à moitié vide. Tu soupires. Un mec ronfle dans un coin, il a un verre de whisky en main, mais il n'a pas l'air décidé à la lâcher. Tu marches jusqu'à la salle de bain. Ce sentier te paraît macabre, tu as l'impression de passer au milieu de cadavres inanimés. Tu te rends compte que tu détesterais que ça soit des personnes de ta famille. La porte est tâchée de liquide rouge, et ça sent le vin. Tu espères en souriant que ce n'était pas un grand cru. Ce qui est peu probable quand tu sais que tu es dans le bungalow de Dionysos. Dans la salle de bain, devant le lavabo, tu te surprends à chantonner du 3OH!3. Tu penses que tu débloques. Quand tu te regardes dans la glace, tu veux bien y croire. T'as des rides comme des omelettes. T'es pâle comme un linge. T'as bu quoi, hier soir ? Durant une demi-seconde, t’essaie de te souvenir, mais tu sais bien que c'est peine perdue. Tu te rappelles vaguement de la soirée. D'la musique à fond et d'alcool comme dans une corne d'abondance. Des pilules, aussi, peut-être. Ça, tu préfères ne pas te le remémorer. Tu jettes un regard à ton reflet. T'as l’œil hagard. Les pupilles écarlates et les yeux injectés de sang. Tu te dis que pour la plupart des autres, c'est pire. Encore heureux que c'était réservés aux majeurs, ta petite sœur aurait eu le culot de se ramener, du haut de ses 16 ans. T'en étais sûr. Ça te fait rire un peu. Et puis tu te souviens que t'avais ton frère qui s'était ramené avec toi. En passant la main dans tes cheveux pleins de confettis, tu te dis qu'il est certainement allé dans un coin se faire une fille. Ou bien un mec. Ou les deux. Vos différences te font rire. T'es un fêtard, mais pas un... Un quoi, d'ailleurs ? Ah, si, tu te souviens de la fille à côté de toi, celle en soutien-gorge. Tu te dis que c'était ta mauvaise action de l'année. Fini. Tes yeux bleus sombres semblent encore plus foncés avec tout l'alcool que tu as ingurgité. Tu te souviens de la raison qui a fait que tu as voulu prendre une cuite. Mais tu aurais voulu l'oublier. Cette fille... T'en étais dingue. C'était une pure perle. Jolie, mystérieuse, et puis, si envoûtante... Quand elle t'avais embrassé, pour la première fois, t'étais dans une autre dimension. Elle t'appelait son « amour », « l'homme » de sa vie. Elle était tout pour toi. T'étais tout pour elle. C'est ce que tu croyais. Elle t'a lâché du jour au lendemain. Sans explication. Merde, mais c'était la méthode Kleenex ou quoi ? Ça t'a d'abord mis dans une rage folle, mais quand tu as croisé ses iris noisettes, t'as oublié ta colère. T'étais en petit morceaux. T'as pas réussi à être fort devant elle. Et quand elle t'a toisé... Ton monde s'est effondré. C'était de la moquerie, dans ses yeux. T'as eu beau te mettre à genou, lui acheter des fleurs par milliers, lui faire des poèmes, même. Quoi que c'était pas difficile, étant un fils d'Apollon. Elle a pas lâché. Elle te jette encore des regards éloquents. Elle danse sexy, pendant les fêtes, et quand elle te voit la regarder, elle y redouble d'effort. T'en peux plus. Tu sais plus quoi faire. Elle te fait tourner en rond, elle t’entube. Et toi tu la suis, tu joues à son jeu. Il n'y a qu'elle, après tout. Quand tu l'a vu, la première fois, t'es tombé amoureux, le coup de foudre. Zeus et Eros se sont bien moqués de ta gueule. Tu as envie de mettre un coup de poing dans la glace en face de toi. Tu soupires. Mais merde, [Mot cencuré] ! Tu te laisses glisser jusqu'au sol froid. Le carrelage est tâché çà et là. Tu te replis sur toi-même, tu amènes tes jambes à ton torse, et tu caches ta vieille gueule de lendemain de soirée dans tes genoux. Tu commences à perdre pied. Un mal de tête s'installe, tu aimerais rester là à jamais. Crever sur les dalles blanches. Qu'il ne reste que de toi un corps sans âme, meurtri. Mais n'est-ce pas déjà le cas ? Tu sursautes quand tu sens une main sur ta tête. Elle te frotte énergiquement les cheveux. Tu lèves la caboche, les yeux brumeux. Tu vois un peu flou, puis tu repères une forme familière. Ton frère te tend un Tee-Shirt. D'une main tremblante, tu le prends. Ton frangin se relève et commence à enfiler ce qui te semble être un jean. Tu mets ton maillot. Il est juste à ta taille. Tu tends le tissus, et tu y vois à l'envers une image d'un groupe de musique. Tu aimerais savoir lequel, tu essaies de lire ce qu'il y a marqué en dessous, mais déjà que t'es dyslexique, du mauvais côté c'est pas le pied. Ton frère rit un peu en prenant un verre et en le remplissant de l'eau du robinet. Il te donne sa main pour que tu te lèves. Tu l'attrapes et vacille un peu avant de reprendre ton équilibre. Tu prends le verre d'eau qu'il a posé sur le lavabo. Tu la bois. Et tu la recraches direct. Cette eau te semble dégueulasse. Calixste fait la moue. Tu veux reposer le verre, mais t'es tellement énervé que tu le balances dans l'évier. Son bruit de plastique sonne dans tes oreilles comme le feraient des barrissements d'éléphants. Tu te cramponnes le crâne. Ah, vraiment, les lendemains de soirée... Ton frère n'a pas l'air en meilleur état, et il se masse la tête. Il esquisse un sourire en ta direction. Tu le lui rends un peu près, et tu baisses la tête sur le sol. Calixste soupire et te prend dans ses bras. Les câlins entre mecs c'est rare. Il voit que t'es vraiment pas bien. Tu l'étreins un peu, puis te recules. Il te donne une tape amicale dans le dos et te pousse pour que vous sortiez de cette pièce sombre, où la seule lumière est filtrée par la petite lucarne poussiéreuse. Tu bouges la porte d'un coup de pied, et elle butte contre un individu non-identifié. Tu grimaces un peu, murmures un « Pardon. » pendant qu'il grogne dans son sommeil. Tu continues à avancer. Réveillé de ton état quelque peu léthargique de départ, tu te rends compte de l'étendue des dégâts. Des bouteilles d'alcool sont éparpillées un peu partout. Les gens sont sans dessus dessous, sur le dos, sur le ventre, la tête dans une flaque de vomie... La grande majorité sont complètement habillés, mais tu ne préfères pas aller dans des coins vérifier. Heureusement que cette fête était réservée aux majeurs, c'est moi qui te le dis.
« Pshitt ! »
Ton frère te touche le bras pour attirer ton attention. Tu te retournes, car il est derrière toi. Il te montre une fille aux long cheveux ébènes. D'ailleurs, on ne voit que ça, ses cheveux, parce que le reste de son corps est sous une couette. Elle dort. Tu tournes la tête vers Calixste. Il t'adresse un clin d’œil. Bon, pas besoin d'un dessin. Tu lui adresses un regard sévère, mais devant lui, dur de rester sérieux. Tu fini par pouffer de rire. Vous continuez de marcher jusqu'à la porte d'entrée. Tu arrives devant, derrière toi, ton frère s'impatiente, il te touche le dos. Tu stresses un peu. Tu ne sais pas pourquoi. Peut-être que cette porte te ramèneras à ta vie d'avant. Ici, dans cet environnement de débauche et d'après soirée, tu te sens moins vulnérable, plus invisible. Dehors, le soleil aura touché ta peau, l'air frais fera frémirent tes sens, tu seras seul, tu seras faible, attaquable. De tous les côtés. Tu les vois déjà, ces meurtriers dans la nuit noir, qui viendront trancher une à une tes veines. Qui canaliseront ton esprit sur la tristesse, la dépression. Tu couleras le long d'une plage, et arrivé à la mer, tu mourras. Tout simplement. C'est comme crever sur les dalles blanches de la salle de bain. C'est tellement simple mais tellement dur. Tu fixes cette porte, celle que tu ne veux pas franchir. Elle est close, et une voix en toi t’intime que c'est peut-être mieux de la laisser ainsi. Cal' sent ton hésitation, il se penche à côté de toi. Te jettes un regard inquiet. Tu es pétrifié, tu lui lances des SOS. Il te t'attrapes le bras. Mais il ne te regarde plus. Non : sont regard est fixé sur cette porte, qui te paraît une impasse idéale. Il a les yeux durs, et jette un regard d'acier à quelque chose devant ça. Mais tu as beau vérifier : il n'y a rien devant cette fichue porte en bois sombre. Que regarde-t'il avec tant de fougue ? De haine ? Il regarde ta faiblesse, tes tourments, ce qui pourrait te faire tomber, sombrer au fond du Tartare. Il les regarde dans le blanc des yeux. Il y met tout son courage, toute sa force, il réduit ça en petit morceau. Toi ? Tu es là, tu le regardes faire, impressionné. Tu te demandes comment il peut mettre autant de ferveur à une cause invincible, à une maladie incurable. Parce que cette fille, elle t'a chopée. Bam, t'es à terre. Elle est plus destructrice que le cancer, plus douloureuse que la migraine. C'est peut-être une sorte de maladie. Une plaie infectée. Elle te lance au cœur, comme un cri strident qui résonne dans tes veines en perdition. Et puis, tout à coup. Tes yeux s’enflamment. Tes pores se réchauffent. T'as pas tout compris. Tu oses un regard incendiaire. La porte est ouverte. Dehors tout t’éblouit encore. Tu te retournes un peu, histoire de voir le massacre à la lumière du jour. Étrangement, tout est identique. Seule la poussière qui vole dans la pièce contraste avec le reste. Tes yeux s'habituent. Tu te tournes face à ton frère. Il te sourit, d'une façon chaleureuse. Il a une main sur la poignée. A l’extérieur, il n'y a personne. Juste de l'herbe verte. Tout te paraît soudain abordable. Calme, et serein. Il te montre une partie tranquille et douce de ta vie. Parce qu'il te reste ta famille. Tes amis. Tes sœurs, tes adorables sœurs. Tes frangins, tes... Nan, évitons de qualifier tes frangins. Tu pourrais sortir, tu sais ? Alors, comme en transe, tu mets un pied dehors, puis deux. Tu frémis un peu parce que l'herbe est trempée de rosée. Et la rosée c'est froid. Et ça mouille. Le jour se lève sur ta peau bistre au fil de tes pas. Bientôt, tu en viens à plisser les yeux devant le soleil. On pourrait croire que c'est une manière de le regarder en chien de faïence, mais non : tu lui es reconnaissant, à ce soleil, qui t'inonde de chaleur. D'une chaleur que tu ne peux pas lui rendre. Parce que tu es comme un glaçon qu'on ne peut dégivrer. On te réchauffe de tous les côtés, mais tu restes glacé. On pourrait t'incendier, tu t'sentirais pas vivre. Tu espères que ça seras temporaire, quand même. C'est ça, souffrir quand on aime ?
[/wow] |
|