GÉNÉALOGIE
Dans la famille de la célèbre
Wendy Darling, je demande son plus jeune frère,
Michael Devon Darling, né en 1901 et mort pendant la guerre en 1942. Il épousa un beau matin de mai fleuri
Lizzie Brooke Darling, née
Crawford en 1910 et décédée cinquante-quatre ans après. Ils n'eurent qu'un fils,
Allen John Darling, né en 1938 et décédé en 1996, durant un été étouffant. Ce dernier avait épousé
Rina Asami Darling, née de l'amour interdit entre la japonaise
Mao Hikari Azumaya et un américain mort pendant la guerre. Ensemble, ils eurent comme fils unique
William Grey Darling, en février 1973, qui à son tour épousa une certaine
Amanda Elizabeth Darling, née
MacRoze, la fille d'un riche anglais et son épouse française. Ces deux-là eurent eux aussi un seul fils, prénommé
Lyle Allen, en hommage à l'homme décédé quelques mois auparavant. A présent, seuls Amanda et Lyle sont encore en vie.
QUELQUES POINTS IMPORTANTS
• Lyle est né le 13 novembre 1996, est mort le 12 novembre 2012 et est revenu d'entre les morts le 23 juin 2013.
• Malgré sa sixième année ratée suite à sa mort, Lyle passe en septième année, les professeurs ne se faisant aucun soucis à propos de ses capacités. Ainsi, pendant les vacances d'été, le sorcier a du rattraper son année manquante, en deux mois.
• Bien qu'il ait sa pleine mémoire, Lyle a quelques problèmes pour se souvenir des choses, et il lui faut quelques instants avant qu'il associe un visage à un prénom, à une histoire.
• Le temps de compréhension du sorcier est bien trop allongé par rapport à ses capacités habituelles. Son cerveau a du mal à se remettre de son arrêt complet sous terre. Il se remet lentement de sa mort, mais il lui arrive que des détails lui échappent.
• Sa vue le trouble, et il a tendance à perdre tous ses moyens lorsqu'il y a trop de choses à analyser. Ses autres sens, eux, ne posent que peu de problèmes.
• Lyle est assez instable au niveau psychologique, et il lui arrive de craquer au moindre évènement, mais il peut tout aussi être subitement joyeux et adorable sans raison particulière.
• Même si la rumeur veut que Lyle se soit suicidé, il a en réalité bu un contenu suspicieux d'une bouteille sans savoir de quoi il s'agissait, et s'est donné la mort alors qu'il n'était pas en état de contrôler ses gestes.
• Bien que le sorcier soit pour le moment aussi doux qu'un agneau, ses vices ne vont pas tarder à le rattraper et il redeviendra rapidement le grand méchant loup.
HISTOIRE
Les légendes voudraient que lorsque nous mourrons, nos vies défilent sous nos yeux. Ceux qui sont revenus d'entre les morts vous le confirmeront, en ajoutant que ce n'est pas vraiment beau à voir.
L'eau coulait le long d'une rivière, paisible et tranquille. Et dans cette eau nageait les souvenirs, les mémoires, le passé , restes d'une vie alors qu'il n'y avait plus ni présent ni futur. Le garçon, qui ne comprenait pas vraiment les évènements récents, s'assit sur la berge, contemplant les images, les scènes, les paysages et les visages. Il se pencha prudemment, tandis sa main et effleura du bout de ses doigts la surface aqueuse, et une des images qui fuyaient.
"Grand-mère ? Appelait un petit garçon d'une dizaine d'années, aux yeux d'un bleu vif envoutant.
-Oui, Lyle ? Répondit une vielle femme, probablement soixantenaire, et dont les traits fins et les cheveux d'ébène informaient de ses origines japonaises.
-Pourquoi est-ce qu'Hermione ne vient plus jouer avec moi après l'école ? Demanda-t-il, un brin de tristesse se trahissant dans sa voix.
-Et bien, tu sais Lyle, elle est au collège maintenant. Elle doit travailler dur pour avoir de bonnes notes. Et toi aussi, tu iras au collège l'année prochaine. Et toi aussi, tu travailleras dur pour avoir de bonnes notes. Expliquait la grand-mère en caressant les cheveux bouclés du garçon avec amour.
-Est-ce que je reverrai Hermione ? Demanda-t-il alors, une lueur d'espoir dans les yeux.
-Quelque chose me dit que oui. Lui assura-t-elle, un sourire aux lèvres."
Le garçon sourit à ses souvenirs, regrettant sa défunte grand-mère. Il prononça tendrement son prénom, et tâcha d'enchainer avec d'autres scènes avant de se mettre à pleurer. Quelques cheveux blonds attirèrent son regard, et il plongea sa main pour les attraper.
"Un esprit logique, stratégique, et curieux. Hum, que demander de plus ? Ce sera Serdaigle !" s'écriait le Choixpeau sur la tête bouclée du garçon, qui s'empressa alors de rejoindre la table bleue et bronze, et de s'y trouver une place, tout au bout. Quelques minutes après, ce fut une petite blonde, qui devait faire sa taille, aux yeux vifs et au sourire amical. Elle se présenta, se prénommait Luna. "Lyle", avait-il répondu, d'une voix timide. "Lyle Darling", répétait-il, prenant un peu d'assurance dans le timbre. "Luna Lovegood. Enchantée, Lyle Darling", avait-elle répondu, et il conclut par un "De même", avant de découvrir avec émerveillement l'impressionnante quantité de nourriture à table. Bien que le garçon n'avait pas vu Hermione, il était heureux d'avoir pu rencontré quelqu'un. Quelqu'un de bien, se disait-il même.
"Dégage de Poudlard, sang-de-bourbe !" s'écriait une voix, de l'autre côté de la porte close du dortoir. "Sang-de-bourbe, sang-de-bourbe" répétaient d'autres, tandis que Lyle, prenant ses valises et ses vêtements éparpillées partout dans le couloir, retenait ses larmes. Il se remercia mentalement de ne pas avoir déballé trop vite ses affaires, n'ayant sorti que quelques manteaux, et se traina le long des couloirs de la tour de Serdaigle, errant sans but. Au milieu de la nuit, se sentant faible et fatigué, il se mit à pleurer, et s'adossa contre un mur, dans un coin perdu qu'il n'avait jamais remarqué avant. Et Lyle pleurait autant qu'il put, vidant tout son corps de larmes, tristes larmes.
La porte s'était ouverte, d'abord doucement, puis franchement, et une petite chose blonde apparut. Le garçon était tellement content de voir Luna qu'il tomba dans ses bras. Le quinzième dortoir, anomalie du château comme eux, venait de héberger deux âmes perdus.
"Mais Cedricounet ! Tu viens de me foutre de la peinture partouuuut. Se plaignait Lyle, un sourire rieur aux lèvres.
-Je ne vois pas de quoi tu parles. Répondit le garçon à la cravate jaune, plaquant sa main bleue sur la joue du bouclé, puis l'embrassant de pleine bouche.
-Les garçons. Je suis là. Ehoh ? M'oubliez pas. Je sais que je suis une naine, mais bon. Déclara Luna en croisant les bras, faisant mine de bouder.
-Désolé. S'excusait celui à la joue bleue, tout en regardant amoureusement Cedric.
-On recommencera plus ? Tentait le Poufsouffle de convaincre la blonde tout en tentant de se convaincre lui-même.
-Bien sûr. Répondit ironiquement Luna en roulant des yeux." Le trio explosa de rire, tandis que Lyle s'asseyait sur les genoux de Cedric en posant son rouleau de peinture au sol, las de travailler. La Serdaigle soupira, et posa à son tour son pinceau avant de s'étendre sur le sol. "Qu'il est beau notre dortoir en bleu." S'exclama-t-elle en admirant les murs. "Notre dortoir." Répéta Lyle en souriant, fier d'eux.
Le garçon rougit en voyant passer quelques souvenirs partagés avec Cedric, peu avant leur rupture, tant leur luxure était évidente. Il préféra cependant les laisser filer, et toucha un tout autre souvenir, probablement tout aussi amusant.
Se regardant dans un miroir une dernière fois, ajustant son nœud papillon, lissant sa chemise et tirant sur les pans de sa veste, Lyle vérifiait son apparence, avant d'entrer dans le salon de la demeure parentale. Son stratagème était prêt depuis plusieurs jours, et le voilà qui allait enfin aboutir. Il passa sa main sur la poignet de porte en bronze, et pénétra dans la pièce aux murs saumons et aux portaits de la famille parfaite qu'ils n'étaient pas.
"Oh, Lyle ! Je t'en pris, assis-toi à nos côtés ! S'exclama Amanda en tournant la tête vers lui, faisant voler sa chevelure blonde bouclée. Je vous avais bien dit qu'il avait quitté sa phase rebelle et était à nouveau rentré dans les rangs de notre société ? Regardez-le, regardez mon fils. Disait-elle tout bas, dans un faux élan d'admiration.
-Mère, mesdames, dit d'un air gentleman Lyle en s'asseyant à table, faisant un salut de la tête comme il se devait de le faire, laissant les conversations reprendre jusqu'à un sujet qu'il attendait avec impatience.
-Tu es un si bel homme maintenant. S'exclamait d'un air rêveur une des amies de sa mère, en joignant ses mains.
-Et bien, j'avoue prendre soin de ma personne. Dit Lyle, en prenant un air fier et séduisant qui ne lui allait pas vraiment.
-Un si bel homme, répétait une autre des femmes. Je connais une charmante demoiselle qui serait ravie de faire ta connaissance, elle vient de...
-Oh, veuillez m'excuser de couper vos paroles mais mon cœur n'est plus à prendre. Déclara Lyle, en laissant un coup d’œil à sa mère, savourant son regard paniqué.
-Et quel est son nom ?
-Cedric, il s'appelle. Il est charmant, et incroyablement sexy. Mentait-il." Car en vérité, non pas que le Poufsouffle n'était ni charmant ni incroyablement sexy, mais cela faisait quelques mois déjà que le garçon avait rompu avec le bouclé. Toutes les femmes le regardaient, un air choqué aux lèvres, murmurant quelques paroles entre elles, toisant Amanda avec dégoût.
"Sur ce... Ce fut un plaisir, mesdames. Et je tiens à dire que vos gâteaux sont infectes. Conclut le garçon, terriblement fier de l'humiliation qu'il venait de porter à sa tendre mère."
Il se leva, et disparut pour toujours de la vie de la blonde, qui avait le teint rouge de honte.
Après avoir bien ri, Lyle passa ses mains au dessus de l'eau, regardant les nombreuses funérailles auxquelles il avait assisté, dont celle de son père William, celle de sa grand-mère Rina, les nombreuses visites au cimetière, pour lui, pour Luna, pour Cedric, et son regard fut attiré par la dernière image qui trainait à s'en aller, celle d'une mort bien particulière à ses yeux.
Le quinzième dortoir était mort, et semblait presque fantomatique. Lyle se trainait, ramassant les papiers qui jonchaient le sol poussiéreux, écartant les rideaux déchirés pour permettre à un peu de lumière de pénétrer dans le lugubre endroit, mais les vitres étaient si sales que seule une lueur faible éclairait le lieu. Le bouclé trouva une petite valise portant ses initiales, et d'un geste sûr, il l'ouvrit, et fouilla. De nombreux vêtements volèrent à travers la pièce avant qu'il ne puisse mettre la main sur le flacon, qu'il avait reçu quelques mois plus tôt. C'était un flacon en verre, avec une jolie forme, et une étiquette sur laquelle reposait en lettres noires l'inscription "Buvez-moi, pour ne plus rien ressentir". C'était le douzième jour de novembre, soit la veille du seizième anniversaire. Et voilà quelques mois déjà que Lyle plongeait dans une dépression sans fond, seul, abandonné par tous, par Cedric et Luna, par Mary et Rachel, par Alexia, par Hermione et par Serena, par tous ceux qui se battaient pour quelque chose, alors que lui n'avait plus rien pour quoi se battre. Il se sentait tellement mal qu'il n'avait plus qu'une seule envie : ne plus rien ressentir. Abandonner la souffrance et la tristesse, et pouvoir aller sur le champ de bataille aux côtés de ses amis, sans n'avoir aucune peine, aucune faiblesse.
Lyle ôta le bouchon, et ce fut pour lui le noir absolu une fois le liquide rosâtre avalé.
Fronçant les yeux, confus, le garçon se pencha un peu plus, pour comprendre ce qu'il s'était passé, et il tomba dans l'eau par maladresse. Les souvenirs tourbillonnaient autour de lui, dans un brouhaha de paroles, de cris, de pleurs et de rires. Et il heurta violemment le sol mousseux d'une forêt, s'écrasant de tout son long. Une vive douleur frappa son dos, comme s'il vivait réellement ce qu'il se passait. "Ici, les souvenirs sont très réalistes !" pensait-il d'un air sarcastique, en massant son dos une fois debout. Il reconnut immédiatement la Forêt Interdite, avec ses larges racines qui faisaient obstacles sur les chemins, la lueur argentée qui pénétrait avec peine les lourds feuillages, et les sentiers qu'il était préférable de ne pas suivre. Mais il ne comprenait pas encore ce qu'il y faisait. Ce fut alors avec surprise qu'il remarqua une personne, au loin, avança vers lui. Et cette personne n'était autre que lui-même. Mais quelque chose différait, quelque chose n'était pas normal. Peut-être était-ce dû à ses yeux complétement noires, ou bien sa démarche qui lui donnait un air hypnotisé. Il retrouva le flacon vide qu'il avait bu dans le souvenir précédent, et un détail lui apparut aussitôt. Lyle était en train de voir ce qui lui était arrivé après qu'il ait bu le contenu rose.
Le lui du souvenir s'arrêta brusquement, lâcha le flacon en verre qui se brisa au sol, et passa sa main dans sa poche, en ressortant sa baguette. Chaque geste était sec, artificiel. Lyle commençait à comprendre quand un éclair traversa le crâne du garçon face à lui, qui n'était autre que lui-même, et faisant jaillir un jet de sang qui éclaboussa la mousse du sol et l'écorce des arbres proches. Le bouclé manqua de tomber face au choc de la vision, et il se regardait tomber sur le sol, mort. Il était mort. Il s'était tué. Le contenu du flacon l'avait tué. Il avait été hypnotisé. Drogué, ou bien influencé d'une quelconque manière. Mais on l'avait forcé à se tuer. Et maintenant, il était mort. Était-il en fait en Enfers ? C'était évident. Mais il ne voulait pas. Il ne voulait pas que tout ça soit vrai. Il ne voulait pas être mort, il voulait rejoindre les vivants. Il voulait vivre. Et ce fut à cet instant précis qu'un flash lumineux s'empara de la scène, et fut si aveuglant que Lyle en perdit connaissance.
L'endroit lui était inconnu. Mais les personnes lui semblaient familières. Ce fut Mary qui le reconnut et le recueillit ensuite. Puis il retrouva Alexia, Luna, et Rachel. Il manqua presque de la tuer, et tenta de se rattraper en sauvant la vie qu'il s'apprêtait à ôter. Et maintenant, qu'allait-il faire ? Même si sa mémoire lui faisait défaut, et son esprit lui jouait quelques tours, et même s'il avait du mal à retrouver son bonheur d'antan, celui du BlueDortoir, de sa relation avec Cedric, de ses soirées avec Mary et Rachel, qu'il avait passé tordu de rire, Lyle allait vivre. Qu'importe comment, qu'importe pourquoi, qu'importe où et avec qui, il allait vivre.
Parce qu'après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on vit pour la deuxième fois. Mais cela valait-il la peine de tout recommencer ? Pourquoi souffrir à nouveau ? Pourquoi être le faible à nouveau ? Pourquoi ne pas tout simplement prendre la couronne tant qu'on le peut encore ?